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et l’esclavage des Nègres.

il prit ensuite un fusil, du linge et du plomb ; il m’annonce qu’il doit me laisser, et il me quitte. Je me lamentai amérement, et on me traîna en prison pour trois jours. Là, je vis plusieurs de mes compagnons captifs ; là, j’entendis leurs cris et leurs gémissemens. Dès que le vaisseau, destiné à nous embarquer, fut prêt, je fus témoin de la scène la plus horrible, on n’entendait que le cliquetis des chaînes, le sifflement des fouets, et le hurlement de mes compatriotes. Quelques-uns d’eux ne voulant pas quitter la terre, furent déchirés à coups de fouets. Quand nous fûmes en mer, nous vîmes plusieurs marchands Noirs venir à bord, mais on nous chassa tous dans nos trous, et on ne nous permit pas de leur parler. Nous côtoyâmes pendant plusieurs jours mon pays natal, et il me fut impossible de trouver quelqu’un qui pût informer Ac-