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Réflexions sur la traite

barbares et méchans, j’ose dire hardiment, qu’ils renonceraient à leur infâme métier, s’ils connaissaient la cruauté des traitemens éprouvés par les esclaves. Mais ils sont payés par les marchandises des artificieux Européens, et trompés par leur astuce. Les Blancs gardent des Afriquains dans leurs factoreries, les couvrent de vêtemens ridicules, en font des domestiques et des appeaux, avec lesquels ils attirent d’autres Nègres dans leurs piéges. Ils prétextent le plus souvent des voyages vers la mer, ils annoncent à leurs esclaves qu’ils veulent en acheter de nouveaux, et qu’ils les traiteront comme les anciens. Alors les Afriquains enlèvent leurs compatriotes pour en faire des domestiques. Les Blancs prennent aussi quelques-uns de ceux qui demeurent à la factorerie, et qui, gagnés par des colifichets, donnés à eux ou à leurs amis, pressent