Page:Cugoano, Réflexions sur la traite et l'esclavage des Nègres, Royez, 1788.djvu/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
46
Réflexions sur la traite

Mais on dit encore : « les Afriquains vendent leurs femmes et leurs enfans ; rien n’est plus opposé aux lois de la nature, et rien ne peut excuser ces actions ». Telle est la tendresse des Nègres, pour leur famille, que le commerce de leurs amis, pendant une année, ne peut les accoutumer à la perte d’un enfant. Comment refuser aux hommes de l’affection pour leur famille, lorsque mille circonstances découvrent que cette passion est naturelle, même aux brutes. Il faut défendre une bien mauvaise cause, pour ne pas dire qu’un doux instinct, inné dans le cœur des animaux, anime avec encore plus de forces, toute l’espèce humaine. Comment penser qu’un homme sensible peut se consoler en pleurant, de la perte de ses parens, de ses amis, de sa liberté, de son bonheur et de plusieurs autres liens aussi chers et aussi impor-