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Réflexions sur la traite

les mauvaises actions ; ils aiment mieux être déchirés à coups de fouet, et souffrir la faim, la soif, toutes les injures de l’air, que de prendre note des traitemens qu’ils subissent. Si la loi de la nature permet la vengeance, la loi de Dieu commande l’indulgence et le pardon. Rien n’est plus sage. N’écoutons pas les passions ; elles nous emportent au-delà de l’équité. Si un barbare m’a arraché un œil, si je veux le punir, je lui arracherai les deux yeux, il lui sera donc permis à son tour de se venger du tort que je lui ai fait. Quel sera donc le terme de la vengeance ? Ainsi un Nègre qui aurait été esclave, estropié et traité cruellement, ne châtiera pas son oppresseur, quand bien même les circonstances le feraient tomber entre ses mains. Les Afriquains, après leur délivrance, seront obligés de chercher des protecteurs et