Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/133

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aussi en mains la correspondance de des Assises avec Maillart ; or, si l’on avait pu regarder avec quelque indulgence les premières erreurs de Benyowszky, la persistance de son incurie, la contradiction relevée entre ses dires et ceux des autres témoins devaient exciter la défiance. Suivant les avis de l’île de France, le désordre régnait à Madagascar, les dépenses y étaient énormes et les colons succombaient à l’intempérie du climat. Par contre, les rapports du baron, avec une audace tranquille, donnaient les plus flatteuses espérances : « Dans l’incertitude à laquelle on se sentait réduit, dit M. de Sartine, il ne me restait vraiment d’autre parti à prendre que d’envoyer des inspecteurs éclairés et d’attendre qu’ils m’eussent rendu un compte fidèle de l’établissement. Dans cet effet, je profitai du départ des nouveaux administrateurs qui allaient dans l’Inde ; je leur donnai les instructions et ordres nécessaires pour tout voir et tout examiner. »

Par une décision du 10 février 1776, le sieur de Bellecombe, brigadier des armées du roi, et le sieur Chevreau, commissaire général de la marine, nommés tous deux pour aller dans les Indes remplacer Law de Lauriston, reçurent l’ordre d’inspecter sur leur route les diverses colonies françaises et surtout Madagascar. Des lettres particulières, en date du 18 février, à remettre à chacun des gouverneurs, les accréditèrent auprès d’eux. Celle qui fut adressée à Benyowszky lui indiquait qu’il serait sous leurs ordres tout le temps de leur séjour, qu’il devrait leur donner tous éclaircissements et que leur rapport influerait beaucoup sur la décision qu’on allait prendre au sujet de son établissement. Bellecombe et Chevreau partirent de Port-Louis le 26 mars 1776. Arrivés à Gorée le 12 avril, ils y séjournèrent jusqu’au 19 pour inspecter la colonie, et, remettant à la voile, ils mouillèrent le 15 juin à False-Bay ; repartis le 5 juillet, ils touchaient le 10 août à l’île de France, où ils firent connaître leur mission. Après avoir visité Bourbon, la frégate la Consolante, escortée de la pale l’Iphigénie, que commandait le chevalier