Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/135

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et se trouvait à présent en très mauvais état. Au milieu de la palissade, il y avait 7 pièces de canon, dont 3 de 6, 2 de 4 et 2 pierriers empruntés à quelque vaisseau, comme cela se voyait par les affûts. En quittant la palissade, les commissaires rencontrèrent le roi Hiavy, dont l’habitation n’était pas fort éloignée. Il était enveloppé d’un simple pagne et se tenait assis sur le devant de sa maison, au milieu de 10 à 12 de ses esclaves. Il ne leur parut pas digne de son renom ; car il passait pour le plus puissant chef de l’île. C’était un jeune homme de 26 ans environ, de taille moyenne et d’assez mince figure : on disait qu’il était maître de 60 à 80 lieues de côtes sur 10 à 12 de profondeur et qu’il avait sous son autorité 60 chefs capables de lui amener, en cas de nécessité, de 25 à 30,000 hommes. Il appartenait à la nation des Betsimirakas. Les commissaires, continuant leur inspection, constatèrent que les effets du roi étaient aussi mal protégés des rats que des voleurs. Ils firent remettre au sieur Coquereau, désigné pour être ordonnateur à Madagascar, les états de situation et virent non sans stupeur que la poudre à canon était placée dans un magasin en bois, parmi des marchandises de toutes sortes. Le roi Hiavy étant venu, ce jour-là, visiter les commissaires, se plaignit à eux que le commerce eût à peu près cessé et les pria de le rétablir : à quoi les chefs français répondirent par de bonnes paroles et par un présent de 12 bouteilles d’eau-de-vie. La Pérouse paraît avoir éprouvé une impression plus défavorable encore que MM. de Bellecombe et Chevreau. Il déclare dans son rapport que la population de Foulepointe est diminuée de moitié, que la guerre et la cessation de commerce avaient anéanti l’agriculture.

« Il n’y avait pas, dit-il, 300 livres de riz dans la palissade du roi et l’on n’en put trouver une gamelle dans le village ; les noirs vivent de racines et de fruits sauvages, et j’avais vu trois ans auparavant 10 vaisseaux chargés de riz dans la rade de Foulepointe. » Lui aussi jugea que la palissade était en ruine ; le bâtiment en pierre n’avait plus de toit et la poudre était dans une paillotte