Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/146

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comme autrefois. On leur demanda alors pourquoi ils nous avaient fait la guerre. Ils répondirent que, voyant Benyowszky débarquer avec des troupes, contrairement à l’habitude des Français, quand ils venaient faire la traite, ils avaient craint qu’il vînt pour s’emparer de leurs biens et de leurs personnes, qu’ils avaient abandonné leurs terres et, vu l’état de guerre, s’étaient retirés dans les montagnes où ils vivaient au hasard de ce qu’ils trouvaient. Le lendemain, le palabre fut repris ; Bellecombe exhorta les noirs à garder la paix, leur promit la protection du roi et leur recommanda de revenir sur leurs terres. Le cabarre se termina par le serment solennel prêté par les indigènes de garder la paix à l’avenir ; puis en leur délivra de l’eau-de-vie et de la poudre pour leur permettre de se livrer à leurs réjouissances habituelles.

Les commissaires achevèrent d’examiner les travaux faits par le baron autour de l’établissement principal, mais leur impression fut très différente de celle qu’ils avaient reçue des comptes trop précis de l’ingénieur Gareau de Boispréaux. Il leur parut impossible de vérifier le comblement du marais, dont le coût était évalué 12,000 livres. Le fort Louis n’était, on l’a vu, qu’une simple palissade entourant quelques misérables cabanes décorées de noms variés en vue de l’effet à produire. Le chemin du fort à Louisbourg par l’écluse n’était qu’un petit sentier où l’on ne trouvait pas d’écluse. À l’île d’Aiguillon où devaient exister un jardin, un canal de 83 toises de long sur une de large et 3 pieds de profondeur, on ne voyait que quelques vestiges de travaux. La boulangerie, la maison, les deux cases pour servir d’hôpital marquées sur les plans, à l’anse des Convalescents, n’existaient pas. Il n’y avait pas de trace de chemins, bien que le compte de l’ingénieur portât une dépense de 35,000 livres pour cet objet. Pour les travaux faits à la plaine de Santé, il n’apparaissait rien des saignées et des comblements ordonnés par le baron qui avaient coûté 14,000 livres. Le bâtiment du gouvernement, de 70 pieds de long sur 30 de large et 8 de haut, évalué 11,300 livres,