Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/161

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

roi que nous lui offrons nos cœurs et notre amitié. Mais nous voulons vivre sous tes lois, tu es notre père et notre seigneur. Que les Français te chérissent autant que nous et nos armes seront unies aux leurs… Mais, si tu es l’objet de leur haine, nous ne les reconnaîtrons jamais comme nos frères, et tes ennemis seront nos ennemis… »

Assuré de leurs vœux il s’engagea par serment à informer le roi de France des intentions des peuples de Madagascar.

Le 6 octobre, survinrent des chefs et un grand nombre d’indigènes, chargés de l’escorter jusqu’au lieu où devait être faite sa proclamation solennelle comme Ampansacabé devant toute la nation assemblée. Il quitta l’habit français et prit celui du pays. Arrivé au cabar, il passa entre les rangs des Malgaches qui poussaient de grands cris, en invoquant leur dieu Zahanhar. Les officiers de ses volontaires l’avaient suivi, ainsi que toute la colonie.

Le 10 octobre, après quatre jours de délibération entre les chefs, l’assemblée nationale se forma. En quel lieu ? Les ‘‘Mémoires’’ ne le disent pas ; mais ils disent qu’il y avait là 30,000 hommes armés sans compter les femmes. Alors un chef les harangua en ces termes : « Béni soit Zahanhar qui est revenu voir son peuple ! Béni soit le sang de Ramini à qui notre attachement est dû !… C’est son descendant que je vous présente. Je lui donne cette sagaie afin qu’il soit le seul Ampansacabé, comme l’était notre père Ramini. Reconnaissez l’Ampansacabé, soumettez-vous à lui ! écoutez sa voix ! »

Puis, s’adressant à Benyowszky : « Et toi, continua ce bon sauvage, digne fils du sang de Ramini, implore l’assistance de Dieu qui t’éclaire de son esprit. Sois juste, aime ton peuple comme tes enfants, que leur bonheur soit le tien et ne sois point étranger à leurs besoins et à leurs infortunes. »

Ce discours moral fini, il remit la sagaie entre les mains du baron et se prosterna devant lui. Ainsi firent les autres chefs. « Enfin, dit Benyowszky, je vis plus de 50,000 hommes prosternés