Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/181

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naturels, de faire refuser à Benyowszky tous vivres et tous secours, et même de s’emparer de lui, si c’était possible ; on savait qu’il n’avait avec lui qu’une quinzaine de blancs et 60 noirs engagés comme domestiques.

La peuplade d’Angontsy était douce et timide ; elle ne prenait parti ni pour ni contre le nouveau venu, mais elle subissait la terreur du nom de Benyowszky dont elle n’avait pu oublier le séjour sur cette côte, quelques années auparavant. M. de Souillac résolut d’attendre les effets de la politique de Mayeur : le même homme que Benyowszky présentait aux siens comme l’inspecteur de ses domaines était ainsi chargé de le combattre. Au mois d’avril, quand commencerait la belle saison, le gouverneur projetait d’envoyer à Madagascar un navire sur lequel il embarquerait 50 à 60 hommes de troupe, commandés par un officier choisi. Le navire serait déguisé, prendrait langue à Foulepointe, et si Benyowszky était installé dans un endroit à portée de la mer, tel qu’Angontsy, le navire s’y rendrait : on entrerait en rapport avec lui et l’on tâcherait de le faire prisonnier pour l’envoyer en France sous bonne garde.

Sur ces entrefaites, le baron adressa à M. de Souillac une lettre datée de son camp général d’Angontsy ; il y marquait que les Français pourraient aller chercher dans ses établissements tous les vivres qu’ils voudraient, mais il les exhortait à s’abstenir entièrement de la traite des noirs, comme répugnant au caractère bienfaisant de Sa Majesté Très Chrétienne. Il menaçait les employés français qui se livreraient à ce commerce de les traiter non comme des sujets du roi, mais comme des perturbateurs du repos public. Il voulait évidemment supprimer la concurrence. Il se déclarait Ampansacabé de Madagascar, souverain seigneur, datait d’autres lettres de sa ville de Mauritanie et les signait : « Mauritius-Augustus, Dei gratia, Ampansacabé de Madagascar. » Il tenait, disait-il, son pouvoir du consentement des peuples qui le lui avaient confirmé par la foi du serment et du sang.