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Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/213

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ne sait manier un fusil ni faire un mouvement d’exercice. Il est convenu lui-même qu’il n’avait pu les instruire, parce qu’ils étaient continuellement à l’hôpital. Enfin, j’ai resté persuadé que les quarante millions et les douze mille hommes qu’on lui enverrait dans vingt ans, si son plan était suivi, seraient ajoutés à la perte que la France a déjà faite, et qu’à cette époque le roi n’aurait pas à Madagascar trois cents colons, et des bâtiments et fortifications qui puissent être évalués à un million. J’ai demandé à M. de Benyowszky quelles pouvaient avoir été ses vues en arrivant à Madagascar. Il m’a répondu : « De réduire les peuples à faire ce que le roi voudrait, et qu’il n’avait jamais bien connu les intentions du gouvernement à cet égard, que d’ailleurs il savait bien qu’il n’était plus facile de conquérir une colonie sur les ennemis que d’en former une nouvelle. » J’ai tombé d’accord avec lui de cette vérité, qui peut encore être moins contestée si on prend pour exemple la baie d’Antongil, mais je suis très éloigné de croire que le séjour de M. de Benyowszky ait augmenté la dépendance des noirs envers nous. Ils étaient auparavant entièrement soumis aux volontés du gouverneur de l’île de France.


Quant au chemin de Bombetoc, je me suis assuré que dans aucun temps il n’avait été tracé, qu’aucun Européen ne l’avait fait, et M. de Benyowszky ayant ordonné au nommé Mayeur, son interprète, d’aller traiter des bœufs à la côte de l’Ouest, cet homme a pris son chemin par le nord au bord de la mer, s’est avancé par là jusqu’à douze lieues de Bombetoc, d’où il est retourné avec un troupeau de cent soixante-huit bœufs à la baie d’Antongil.

Je n’entrerai dans aucun détail de l’administration intérieure de cet établissement. J’ai vu les effets du roi entassés sans aucun ordre dans des magasins de paille, exposés à l’humidité et à tous les autres accidents possibles. M. de Benyowszky m’a dit que ce n’était pas son affaire. J’ai cependant vu son nom partout. Je crois que sur cet article MM. de Bellecombe et Chevreau n’auront que des comptes bien peu satisfaisants à rendre. Quant aux successions, j’étais chargé de réclamer celle du sieur Dubourg. Toutes mes recherches à cet égard ont été inutiles, ainsi que celles de MM. Chevreau et Coquereau, ordonnateur, et j’aimerais autant aller à la Nouvelle-Zélande réclamer l’héritage de M. Marion.