Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/80

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rivière, dont le nom indigène est Antanambalana ; nos marchands l’appelaient Tinguebale ou Tanguebale. Des deux côtés de la rivière, à son embouchure, s’avançaient deux pointes assez longues dont le niveau ne s’élevait que d’environ 4 pieds au-dessus de la mer, de sorte qu’à chaque marée les parties les plus basses en étaient inondées et se transformaient en marais : on ne voyait alors émerger qu’un petit plateau d’environ 600 pieds carrés. C’est sur une de ces pointes de terre marécageuse, excellente comme position militaire puisqu’elle était comprise entre la mer et la rivière, mais évidemment insalubre, que le baron établit sa petite colonie. Il la nomma Louisbourg. Bientôt il rendit compte au ministre de ses premiers travaux : « L’endroit que j’ai choisi, Monseigneur, disait-il, est le plus sain, sans contredit, de toute l’île. Pour m’assurer davantage de sa salubrité j’ai fait dessécher les marais qui le bordaient tout autour, et j’ai fait établir des fontaines d’eau douce. Le port est un des plus magnifiques que l’on puisse rencontrer en ces parages. Pour le dominer, j’ai construit des batteries, et j’établirai, pour la facilité des chargements et des déchargements des bâtiments, des corps-morts avec un ponton. J’ai l’honneur de vous adresser ci-joint le plan de ma position, sur lequel je marque les ouvrages que j’ai exécutés, malgré le peu de secours que l’île de France m’a fournis… M. Maillart ne m’a pas fourni les outils que je lui ai demandés si vivement ; pour toute ressource, il m’a envoyé 7 haches et 2 brouettes… Si je n’avais pas eu la précaution de faire mes provisions particulières, que j’emploie aujourd’hui avec bien de la satisfaction pour la troupe, j’aurais été dans le cas de perdre la moitié de ma troupe misérablement. C’est alors que les jaloux de cet établissement se seraient écriés que le pays était malsain, que c’était un vaste cimetière français. J’ai perdu seulement depuis le 9 du mois de novembre 1773 jusqu’aujourd’hui 9 soldats et 4 matelots, dont 3 des premiers se sont entre-tués eux-mêmes, avant mon arrivée, et 1 noyé ; il n’y a donc