Page:Cultru - Un empereur de Madagascar au XVIIIe siècle - Benyowszky.djvu/93

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étrangers… Obligé de visiter les divers postes établis dans l’île, j’ai voyagé par les provinces qui nous sont soumises, et je reconnais déjà de nouvelles richesses naturelles au pays. »

Quatre jours après, le 20 mars 1776, il ajoutait : « Pour m’assurer davantage de mes conquêtes, Monseigneur, j’ai fait construire deux forts, l’un au port de Vohémar, l’autre à Morungana à l’ouest de l’île. Cela nous met en état d’étendre nos opérations à l’ouest de l’île, malgré mon peu de monde. »

Cependant, les dessèchements des marais et les défrichements des terres avaient rendu l’air plus propice ; depuis l’expédition du sloop le Postillon jusqu’à cette époque il n’avait perdu que 4 hommes et les hôpitaux étaient vides. Si ses forces eussent été telles qu’il l’avait demandé, Madagascar eût été en peu de temps soumis et le gouvernement de l’île eût versé des sommes considérables dans la caisse du roi. D’ailleurs, l’île de France ne lui fournissait rien… il prévoyait qu’il lui serait fort difficile d’accomplir les promesses faites aux naturels du pays. Il s’était engagé à leur acheter tout le riz qu’ils récolteraient. Or, ils avaient semé, pour cette année, dans une si grande quantité, qu’il pouvait espérer de traiter plus de 3 millions de livres, secours intéressant pour l’île de France : mais l’intendant Maillart avait renoncé tout à fait à tirer des vivres de Madagascar. Il réduisait les habitants à payer le riz à 45 livres le cent, parce qu’il le faisait venir de Batavia et de Bengale, tandis qu’il aurait pu l’avoir à 15 livres fourni par Benyowszky. Celui-ci avait abaissé à 30 piastres le prix des noirs, valeur en marchandises, alors qu’à son arrivée ils en valaient 65, et l’intendant osait dire qu’il ne désirait pas d’esclaves madécasses, qu’il préférait des Mozambiques… Quant aux bœufs, dont il y avait à Louisbourg une quantité considérable, M. Maillart ne voulait pas les prendre ; il en faisait consommer que les habitants de l’île de France vendaient au roi 300 et 400 livres, quand Benyowszky en offrait au prix de 86 livres.