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AAC
AAM
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—AAC, suis ses traces, suis-le à la piste :

Animaac, va en suivant ses traces ;

Ningi pitaana, j’ai suivi ses traces en venant ;

O pimaan, il passe en suivant ses traces ;

Ningat ajeana, je rebrousserai ses traces ; pour aller au lieu d’où il est venu, je vais suivre les traces qu’il a faites en venant ;

O noswaanan, il le poursuit à la piste.

Au genre inanimé, au lieu de —aac, on dit —aaton :

Animaaton mikan, suis le chemin battu ;

Ka ningi pitaatosin mikan, je n’ai pas suivi les traces du chemin en venant ;

Na ! ka o pimaatosin mikan, vois ! il passe sans suivre le chemin battu.

AAM pour aa qui a commencé à vieillir, cet être, cet individu, cet objet (animé ou censé animé) :

Mi aam, c’est lui, elle, cela ;

Awenen aam ? quelle est cette personne, cette bête, &c.

Aganeca aam, pine aam, akwingos aam, opwagan aam, c’est un anglais, une perdrix, un suisse, un calumet.

Kawin aam, kotak aam, ce n’est pas celui-ci, c’est l’autre.[1]

—AAM, chanter.

Inaam, chanter de telle manière ;

Gwaiak inaam, il chante bien :

Mi enaamowatc, voilà comme ils chantent ;

Inaamowin, manière de chanter, ton, air de cantique ;

Wanaam, se tromper en chantant.

  1. Pour bien faire comprendre la valeur de ce démonstratif aam, citons encore quelques exemples : taka ! pakwejamaw aam, tiens ! coupe-lui-en un morceau (à ce …, à cette …) ; ikon aam, ni wi ap ondaje, ôte-le (ce …, cette …), je veux m’asseoir ici ; mijicin aam ka asekanatc, donne-moi cette (peau) que tu viens de passer.

    Dans les cas où nous dirions en français cet homme, cette femme, cet enfant, ce chat, cette peau, etc., les Algonquins disent, non pas, aam inini, aam ikwe, aam abinotcenj, aam kajakens, aam pakigin, etc., mais seulement aam, cet être. Si parfois il arrive à quelques-uns de réunir un substantif au mot aam, il ne faut voir là qu’un pur gallicisme ou anglicisme, lequel s’explique parfaitement par les rapports de plus en plus fréquents de nos Indiens avec les populations blanches. Ceux qui se piquent de bien parler et qui craignent de violenter le génie de leur langue, emploient indifféremment le substantif sans aam, ou bien aam sans le substantif, mais jamais les deux à la fois.