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SUR LE DIVORCE

voudroit faire valoir en faveur du divorce la bonne intelligence des époux dans les pays protestans et la pureté des mœurs domestiques dans les premiers siècles de Rome. Cet argument me paroît nul ; car il prouve seulement que la permission du divorce n’a aucune influence dangereuse dans les lieux où l’on n’en profite jamais. Le divorce n’est donc pas toujours autorisé lorsque la loi n’y met aucun obstacle : car partout où les mœurs contredisent les lois, les lois sont un acte de confiance dont on ne peut user, ou plutôt abuser, sans se couvrir de honte. Alors le divorce n’est pas, comme on le dit, le gardien des mœurs, mais leur pierre de touche ; et le premier qu’on s’est permis dans notre heureuse patrie fut sans doute effacé sur le livre de nos destinées par une larme de notre ange tutélaire, comme la première faute du bon Tobie[1].

Ces observations sur les pays protestans pourroient convenir également aux différentes époques de la République romaine ; cependant il est inutile d’en faire l’application : car

  1. Sterne, dans Tristram Shandy.