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réflexions

présence, les rendroient presque illégitimes, ou du moins flétriroient leurs jeunes cœurs, en leur rappelant toujours qu’ils ne sont plus que des enfans collatéraux. Ah ! ce n’est pas sous de tels auspices que fut élevée cette jeune Romaine dont l’incomparable souvenir est parvenu jusqu’à nous : c’est sur le sein de sa mère qu’elle apprit à chérir son père ; c’est dans les bras de tous les deux qu’elle reçoit la plus belle, quoique la plus nouvelle des leçons. Quel tableau que celui de ce vieillard, qui se nourrit du nectar destiné pour son petit-fils ! Quel touchant et vénérable échange ! Quelle sublime erreur de la nature ! Elle étoit bonne, dans l’ordre simple et commun ; elle devient céleste quand elle s’unit à la reconnoissance. Les peintres et les poètes ont essayé en vain de représenter cette mémorable époque de la vertu et du sentiment ; mais s’ils avoient placé sur la toile, à côté du plus chéri des pères et de la plus vertueuse des filles, la plus heureuse des mères, une mère qui recevoit dans cet instant le prix inouï de toutes les affections qu’elle avoit fait naître, un seul de ses regards auroit pénétré notre âme de plus d’idées inexprimables que tou-