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sur le divorce

comme un souvenir importun et une humiliation secrète ? Heureux encore s’il ne conçoit pas des doutes sur la légitimité de ses enfans, dont il est désormais le seul protecteur ! heureux si, tourmenté par deux sentimens contraires, il ne s’accuse pas alternativement, ou d’injustice envers des fils innocens, ou de foiblesse pour des étrangers qui usurpent son nom et sa fortune ! Il se croira peut-être, ou dupe, ou dénaturé, et il n’osera se livrer ni à l’amour ni à l’indifférence : ainsi, de quelque manière qu’on observe et qu’on analyse les suites des liaisons formées par le divorce, l’on ne voit que du malheur pour ceux qui les contractent et pour toutes leurs relations dans les degrés les plus éloignés.

Épouses innocentes, abandonnées de vos maris, et mères d’enfans que votre injure rend à jamais orphelins, renoncez donc au déshonorant bénéfice de la loi ; devenez les vestales de l’hymen, et ne vous permettez pas d’en laisser éteindre les premiers flambeaux ; ainsi vous conservez le droit de pleurer en présence du Ciel, encore serein pour vous, et de lui demander ses faveurs pour vos enfans infortunés : vous êtes seules, à genoux, dans cet acte de fervente