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Page:Curchod - Réflexions sur le divorce, 1881.djvu/96

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réflexions

son cortège, l’Injure altière et les Prières boiteuses. C’est ainsi que le premier reproche fut prononcé dans le jardin même d’Éden, sous le berceau qui avoit été le témoin des transports d’Adam et d’Ève, lorsqu’ils avoient encore leur nature angélique[1].

Cet heureux temps n’est plus, disoit Héloïse à Saint-Preux, en se rappelant les beaux jours de son innocence, cet heureux temps n’est plus ! hélas ! il ne peut plus revenir ; et pour premier effet d’un changement si cruel, nos cœurs ont déjà cessé de s’entendre.

Ah ! il est trop vrai, la femme dont la pudeur est aguerrie peut quitter le mari de sa jeunesse pour passer dans les bras d’un autre ; et le mari qui rejette de son sein celle dont il avoit reçu les premiers sermens, celle dont l’innocence et la foiblesse lui avoient confié par préférence le soin intime de son bonheur ; de tels époux, dis-je, ne seront pas susceptibles de grands efforts de délicatesse pour se rendre heureux réciproquement. D’autant plus infor-

  1. Thus they in mutual accusation spent
    The fruitless hours.

    (Milton, Paradise lost.)