Aller au contenu

Page:Curie - Œuvres de Pierre Curie, 1908.djvu/15

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
vii
PRÉFACE.

tisme. Plus tard il obtint l’autorisation d’utiliser un atelier vitré, situé au rez-de-chaussée de l’École et servant de magasin et de salle de machines ; c’est dans cet atelier que furent commencées nos recherches sur la radioactivité. Nous ne pouvions songer à y effectuer des traitements chimiques sans détériorer les appareils ; ces traitements ont été organisés dans un hangar abandonné situé en face de l’atelier, et ayant abrité autrefois l’installation provisoire des travaux pratiques de l’École de Médecine. Dans ce hangar au sol bitumé, dont le toit vitré nous abritait incomplètement contre la pluie, qui faisait serre en été et qu’un poêle en fonte chauffait bien mal en hiver, nous avons passé les meilleures et les plus heureuses années de notre existence, consacrant au travail nos journées entières. Dépourvus de tous les aménagements qui facilitent le travail du chimiste, nous y avons effectué avec beaucoup de peine un grand nombre de traitements sur des quantités croissantes de matière. Quand le traitement ne pouvait se faire dehors, les fenêtres ouvertes laissaient échapper les vapeurs nuisibles. Tout le matériel se composait de vieilles tables de sapin usées, sur lesquelles je disposais mes précieux fractionnements de concentration du radium. N’ayant aucun meuble pour y enfermer les produits radiants obtenus, nous les placions sur les tables ou sur des planches, et je me souviens du ravissement que nous éprouvions, lorsqu’il nous arrivait d’entrer la nuit dans notre domaine et que nous apercevions de tous les côtés les silhouettes faiblement lumineuses des produits de notre travail.

Après sa nomination de professeur à la Faculté des Sciences de Paris, Pierre Curie obtint, non sans beaucoup de peine, dans le service du P. C. N., un petit laboratoire provisoire composé de quelques pièces. Il ne put en réalité en profiter, ayant à préparer son nouvel enseignement, et ne vint y travailler régulièrement qu’après avoir achevé son cours du premier semestre 1905-1906, — le dernier mois de sa vie.

Les ressources matérielles dont il disposa pour ses travaux