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par un courant d’air, ce qui n’a pas lieu pour les composés d’urane, et il a étudié en détail ce phénomène. Bientôt après, M. Rutherford[1] a publié des résultats analogues et a fait l’hypothèse que les composés du thorium émettent non seulement des rayons analogues aux rayons uraniques, mais qu’ils émettent en plus une émanation constituée par des particules matérielles extrêmement ténues qui sont elles-mêmes radioactives.

Minéraux radioactifs. — Parmi les substances dont nous avons mesuré la radioactivité se trouvait un grand nombre de minéraux[2]. Certains d’entre eux se sont montrés actifs. Voici les nombres obtenus, toujours avec le même appareil à plateaux :

  i.1011
en ampères.
Pechblende de Johanngeorgenstadtxxx 8,3
Pech»lende de Joachimsthal 7,0
Pech»lende de Pzibran 6,5
Pech»lende de Cornwallis 1,6
Clévéite 1,4
Chalcolite 5,2
Autunite 2,7
Thorite 1,4
Orangite 2,0
Monazite 0,5
Xénotime 0,03
Æschynite 0,7
Fergusonite 0,4
Samarskite 1,1
Niobite 0,3
Carnotite 0,2

Tous ces minéraux contiennent de l’uranium et du thorium ; leur activité n’a donc rien d’étonnant, mais l’intensité du phénomène pour certains minéraux est inattendue. Ainsi l’on trouve des pechblendes (minerais d’oxyde d’urane) qui sont quatre fois plus actives que l’uranium métallique ; la chalcolite, phosphate cristallisé de cuivre et d’urane, est deux fois plus active que l’ura-

  1. Rutherford, Phil. Mag., janvier 1900.
  2. Plusieurs échantillons de minéraux provenaient de la collection du Muséum et ont été obligeamment mis à notre disposition par M. Lacroix.