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LES RAYONS α, β, γ DES CORPS RADIOACTIFS

breuses. Pour Ra, RaD, Rth, on observe quelques raies seulement ; pour RaE, le spectre continu est surtout apparent. Pour les corps qui composent les dépôts actifs : RaB, RaC, etc., de même que pour RaAc et AcX on observe un spectre continu important et un grand nombre de raies (plus de 50 pour RaC). Les limites de vitesse varient également beaucoup d’un corps à l’autre. L’énergie, inférieure à 100 électrons-kilovolts pour les rayons β de RaD ou de Rth, atteint 3.000 él.-kv. pour ceux de RaC. On a même observé chez RaC, ThC″ et Mth2 l’émission de rayons β de très grande énergie sous forme de faibles raies ou bandes signalées par Yvanovitch et d’Espine au-dessus de 2.500 él.-kv., jusqu’à 11.000 él.-kv.

Les travaux de nombreux auteurs ont montré que les raies des spectres magnétiques correspondent à des rayons β d’origine secondaire, déjà signalés précédemment, tandis que les électrons de désintégration qui proviennent du noyau paraissent former le spectre continu. On est donc conduit à admettre que la désintégration d’un noyau par perte d’un électron nucléaire ne correspond pas pour celui-ci à une vitesse déterminée, comme cela a lieu pour un rayon α, mais qu’au contraire les électrons de désintégration d’une même substance sont émis avec des vitesses variables dans de larges limites. Cette circonstance constitue une difficulté théorique considérable. Il est aussi très remarquable que, pour certains radioéléments, les électrons de désintégration ont une énergie si faible qu’on ne les a pas encore identifiés jusqu’à présent (Ac, Mth1).

La nature de la transformation ne peut cependant pas être mise en doute, car les propriétés chimiques de l’atome résultant de la transformation et sa place dans le système périodique sont bien celles qui correspondent à la perte d’un électron nucléaire, c’est-à-dire à l’augmentation d’une unité pour le nombre atomique.

Le spectre continu des rayons β a été étudié par des méthodes de numération de ces rayons, le récepteur pouvant être un compteur électrique, dans lequel on reçoit les rayons issus d’une source S et déviés dans un champ magnétique comme dans la fig. 4. Les courbes de distribution de l’intensité i dans le spectre continu, en fonction de l’énergie W des rayons offrent le même type général : i augmente d’abord avec W, passe par un maximum, puis décroît et tend vers 0 quand W continue à aug-