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LE DEUIL DE LA NATION

totalement inconnues ; en même temps, la presse publiait des articles de regret, empreints d’une grande sincérité. Le gouvernement français exprima ses condoléances ; quelques chefs d’États étrangers envoyèrent leurs condoléances personnelles. Une des plus pures gloires de la France venait de s’éteindre, et chacun comprit que c’était là un deuil national[1].

Fidèles à la mémoire de celui qui nous avait quittés, nous voulûmes pour lui un enterrement simple dans la tombe familiale au petit cimetière

  1. Parmi le grand nombre de lettres et de dépêches de condoléances, je cite, à titre d’exemple, ces lignes tracées par trois grands savants aujourd’hui disparus.


    M. Berthelot.
    xxxxxxxxMadame,

    Je ne veux pas laisser passer plus longtemps sans vous envoyer le témoignage sympathique de ma profonde douleur et de celle des savants français et étrangers à l’occasion de la perte commune avec vous que nous venons d’éprouver tous. Nous avons été frappés comme d’un coup de foudre par la terrible nouvelle ! Tant de services déjà rendus à la science et à l’humanité, tant de services que nous attendions de cet inventeur génial. Tout cela évanoui en un instant ou passé déjà à l’état de souvenir !…


    G. Lippmann.

    C’est en voyage et bien tard que m’arrive la terrible nouvelle. Il me semble, avoir perdu un frère ; je ne savais pas encore par quels liens étroits j’étais attaché à votre mari, je le sais aujourd’hui.
    xxJe souffre aussi pour vous, Madame.
    xxVeuillez croire à mon dévouement sincère et respectueux.

    Grievously distressed by terrible news of Curie death, when will be funeral. We arrive hotel Mirabeau to morrow morning.

    Kelvin. Villa Saint-Martin, Cannes.