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PIERRE CURIE

même localité, sans voyager. Nous vivions alors aussi simplement que possible, dans des villages retirés où l’on pouvait à peine nous distinguer des habitants de la région. J’ai le souvenir de la stupéfaction d’un journaliste américain qui nous retrouva au Pouldu, au moment où, assise sur les marches de pierre de la maison, j’étais occupée à vider le sable de mes espadrilles ; toutefois, sa perplexité ne fut pas de longue durée, et prenant son parti de cette situation, il s’assit à côté de moi et se mit en devoir de crayonner dans son calepin mes réponses à ses questions.

Les relations les plus affectueuses s’établirent entre les parents de mon mari et moi. Nous allions fréquemment à Sceaux, où l’ancienne chambre de mon mari restait toujours à notre disposition ; je me liai aussi d’affection tendre avec Jacques Curie et sa famille (il était marié et père de deux enfants) ; le frère de mon mari est devenu le mien et l’est toujours resté.

Notre fille aînée, Irène, vint au monde en septembre 1897, et peu de jours après, Pierre Curie eut la douleur de perdre sa mère. Le docteur Curie vint alors habiter avec nous dans une maison avec jardin située aux fortifications de Paris (108, boulevard Kellermann), au voisinage du parc de Monsouris. C’est là que Pierre Curie vécut jusqu’à la fin de sa vie.

Avec la naissance de notre enfant, les difficultés de notre organisation de travail se trouvaient augmentées, car il me fallait consacrer plus de temps à la vie d’intérieur. Fort heureusement, je pouvais laisser ma petite fille en compagnie de son grand-