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LA DÉCOUVERTE DU RADIUM

Il y avait un intérêt passionnant à vérifier cette hypothèse aussi rapidement que possible. Vivement intéressé par la question, Pierre Curie abandonna son travail sur les cristaux — provisoirement, croyait-il — et se joignit à moi pour la recherche de la nouvelle substance.

Le minerai choisi par nous était la pechblende, minerai d’urane qui, à l’état pur est environ quatre fois plus actif que l’oxyde d’urane.

La composition de ce minerai étant connue par des analyses chimiques assez précises, on pouvait s’attendre à y trouver au maximum un pour cent de substance nouvelle. La suite de notre travail montra qu’il y avait effectivement des radioéléments nouveaux dans la pechblende, mais que leur proportion n’atteignait même pas un millionième.

La méthode que nous avons employée est une nouvelle méthode de recherche chimique basée sur la radioactivité. Elle consiste à effectuer des séparations par les moyens ordinaires de l’analyse chimique, et à mesurer, dans des conditions convenables, la radioactivité de tous les produits séparés. De cette manière, on peut se rendre compte du caractère chimique de l’élément radioactif cherché ; celui-ci se concentre dans les portions qui deviennent de plus en plus radioactives à mesure que progresse la séparation. Nous avons pu reconnaître bientôt que la radioactivité se concentrait principalement dans deux fractions chimiques différentes, et nous avons été amenés à caractériser dans la pechblende la présence d’au moins deux radioéléments nouveaux ; le polonium et le radium. Nous