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LA LUTTE POUR LES MOYENS DE TRAVAIL

cette émanation, pourtant cloîtrée dans sa prison de verre.

C’est cette même émanation qui se trouve en petite quantité dans des eaux minérales et qui peut intervenir dans leurs effets curatifs.

Plus frappante encore a été la découverte du dégagement de chaleur du radium. Sans s’altérer en apparence, ce corps dégage en chaque heure une quantité de chaleur plus que suffisante pour fondre son propre poids de glace. Bien protégé contre la déperdition extérieure, le radium s’échauffe, et sa température peut s’élever de 10° et davantage au-dessus de celle du milieu ambiant. C’était un défi à l’expérience scientifique contemporaine.

On ne peut, enfin, passer sous silence, en raison de leurs répercussions, les expériences relatives aux effets physiologiques du radium.

Dans le but de contrôler ces effets qui venaient d’être annoncés par F. Giesel, Pierre Curie a exposé volontairement son bras à l’action du radium pendant quelques heures. Il en est résulté une lésion semblable à une brûlure, qui se développa progressivement et mit plusieurs mois à guérir. Henri Becquerel eut une brûlure analogue par accident, alors qu’il transportait dans une poche de gilet un tube de verre contenant un sel de radium. Il vint nous raconter le résultat néfaste produit par le radium et s’écria d’un air à la fois ravi et contrarié : « Je l’aime, mais je lui en veux ».

Comprenant l’intérêt considérable de ces résultats, Pierre Curie entreprit, en collaboration avec des médecins, l’étude citée ci-dessus, faite sur des