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PIERRE CURIE

tée. D’après cette théorie, tout radioélément, même quand il paraît inaltéré, est en voie de transformation spontanée, et plus la transformation est rapide, plus le rayonnement est intense[1].

Un atome radioactif peut se transformer de deux manières : il peut expulser de son intérieur un atome d’hélium qui, lancé avec une vitesse énorme et avec une charge positive, constitue un rayon α ; ou bien, il peut détacher de sa structure un fragment beaucoup plus petit, un de ces électrons auxquels nous a habitués la physique moderne, et dont la masse, 1800 fois plus petite que celle d’un atome d’hydrogène, quand la vitesse est modérée, grandit démesurément quand la vitesse devient voisine de celle de la lumière ; ces électrons qui portent une charge négative forment les rayons β. Quel que soit le fragment détaché, l’atome résiduel ne ressemble plus à l’atome primitif ; ainsi quand l’atome de radium a expulsé un atome d’hélium, le résidu est un atome gazeux d’émanation. Ce résidu se transforme à son tour, et le processus ne s’arrête qu’en atteignant un dernier résidu qui est stable et n’émet aucun rayonnement. La matière stable est de la matière inactive.

Les rayons α et β résultent ainsi de la fragmentation des atomes ; les rayons γ sont une radiation analogue à la lumière qui accompagne le cataclysme de la transformation atomique. Ils sont très

  1. L’hypothèse d’après laquelle la radioactivité est liée à la transformation atomique des éléments, avait été envisagée par Pierre Curie et par moi, à côté d’autres hypothèses possibles, avant d’avoir été utilisée par E. Rutherford et F. Soddy (Revue Scientifique 1900, Mme  Curie, etc.).