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M. CURIE.

duire la radioactivité induite en dehors de l’action des substances radioactives.

M. Villard[1] a soumis à l’action des rayons cathodiques un morceau de bismuth placé comme anticathode dans un tube de Crookes ; ce bismuth a été ainsi rendu actif, à vrai dire, d’une façon extrêmement faible, car il fallait 8 jours de pose pour obtenir une impression photographique.

M. Mac Lennan expose divers sels à l’action des rayons cathodiques et les chauffe ensuite légèrement. Ces sels acquièrent alors la propriété de décharger les corps chargés positivement[2].

Les études de ce genre offrent un grand intérêt. Si, en se servant d’agents physiques connus, il était possible de créer dans des corps primitivement inactifs une radioactivité notable, nous pourrions espérer de trouver ainsi la cause de la radioactivité spontanée de certaines matières.


Variations d’activité des corps radioactifs. Effets de dissolution. — Le polonium, comme je l’ai dit plus haut, diminue d’activité avec le temps. Cette baisse est lente, elle ne semble pas se faire avec la même vitesse pour tous les échantillons. Un échantillon de nitrate de bismuth à polonium a perdu la moitié de son activité en 11 mois et 95 pour 100 de son activité en 33 mois. D’autres échantillons ont éprouvé des baisses analogues.

Un échantillon de bismuth à polonium métallique fut préparé avec un sous-nitrate, lequel, après sa préparation, était 100000 fois plus actif que l’uranium. Ce métal n’est plus maintenant qu’un corps moyennement radioactif (2000 fois plus actif que l’uranium). Sa radioactivité est

  1. Villard, Société de Physique, juillet 1900.
  2. Mac Lennan, Phil. Mag., février 1902.