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M. CURIE.

une certaine espèce de matière, à l’exclusion de toute autre. Les mesures que j’ai faites me permettent de dire que pour les éléments chimiques actuellement considérés comme tels, y compris les plus rares et les plus hypothétiques, les composés étudiés par moi ont été toujours au moins 100 fois moins actifs dans mon appareil que l’uranium métallique. Dans le cas des éléments répandus, j’ai étudié plusieurs composés ; dans le cas des corps rares, j’ai étudié les composés que j’ai pu me procurer.

Voici la liste des substances qui ont fait partie de mon étude sous forme d’élément ou de combinaison :

1° Tous les métaux ou métalloïdes que l’on trouve facilement et quelques-uns, plus rares, produits purs, provenant de la collection de M. Étard, à l’École de Physique et de Chimie industrielles de la Ville de Paris ;

2° Les corps rares suivants : gallium, germanium, néodyme, praséodyme, niobium, scandium, gadolinium, erbium, samarium et rubidium (échantillons prêtés par M. Demarçay) ; yttrium, ytterbium avec nouvel erbium (échantillons prêtés par M. Urbain[1]) ;

3° Un grand nombre de roches et de minéraux.

Dans les limites de sensibilité de mon appareil je n’ai pas trouvé de substance simple autre que l’uranium et le thorium, qui soit douée de radioactivité atomique. Il convient toutefois de dire quelques mots sur ce qui est relatif au phosphore. Le phosphore blanc humide, placé entre les plateaux du condensateur, rend conducteur l’air entre les plateaux[2]. Toutefois, je ne considère pas ce corps comme radioactif à la façon de l’uranium et du thorium.

  1. Je suis très reconnaissante aux savants cités plus haut, auxquels je dois des échantillons qui ont servi pour mon étude. Je remercie également M. Moissan qui a bien voulu donner pour cette étude de l’uranium métallique.
  2. Elster et Geitel, Wied. Ann., 1890.