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M. CURIE.

cas un peu de bismuth à peine actif reste dissous également.

Le précipité d’oxydes ou de sous-azotates est soumis à un fractionnement de la manière suivante : on dissout le précipité dans l’acide azotique, on ajoute de l’eau à la dissolution, jusqu’à formation d’une quantité suffisante de précipité ; pour cette opération il faut tenir compte de ce que le précipité ne se forme, quelquefois, qu’au bout d’un certain temps. On sépare le précipité du liquide surnageant, on le redissout dans l’acide azotique ; sur les deux portions liquides ainsi obtenues on refait une précipitation par l’eau, et ainsi de suite. On réunit les diverses portions en se basant sur leur activité, et l’on tâche de pousser la concentration aussi loin que possible. On obtient ainsi une très petite quantité de matière dont l’activité est énorme, mais qui, néanmoins, n’a encore donné au spectroscope que les raies du bismuth.

On a malheureusement peu de chances d’aboutir à l’isolement du polonium par cette voie. La méthode de fractionnement qui vient d’être décrite présente de grandes difficultés, et il en est de même pour d’autres procédés de fractionnement par voie humide. Quel que soit le procédé employé, il se forme avec la plus grande facilité des composés absolument insolubles dans les acides étendus ou concentrés. Ces composés ne peuvent être redissous qu’en les ramenant préalablement à l’état métallique, par la fusion avec le cyanure de potassium, par exemple.

Étant donné le nombre considérable des opérations à effectuer, cette circonstance constitue une difficulté énorme pour le progrès du fractionnement. Cet inconvénient est d’autant plus grave que le polonium est une substance qui, une fois retirée de la pechblende, diminue d’activité.

Cette baisse d’activité est d’ailleurs lente : c’est ainsi