Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/303

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tion de ce champ est certainement inférieure à 10-3 cm par seconde ; la mobilité d’une particule d’émanation ne serait donc qu’une très petite fraction de celle d’un ion gazeux dont l’ordre de grandeur est 1cm,5 par seconde, tandis que le coefficient de diffusion dans l’air est, au contraire, plus grand (0,1 environ pour les émanations, 0,03 en moyenne pour un ion gazeux). Il en résulte que le rapport de la charge que pourrait avoir une particule d’émanation à la charge élémentaire est tel que

Il est probable, d’après cela, que l’émanation du thorium n’est pas chargée.

M. Mc Clelland a fait une expérience directe qui consiste à introduire brusquement l’émanation du radium dans un condensateur à gaz employé comme cylindre de Faraday, la boîte qui forme l’armature extérieure du condensateur étant réunie à l’électromètre. Aucune déviation de l’électromètre n’a pu être constatée par suite de l’introduction de l’émanation[1]. Les expériences de ce genre présentent cette difficulté que l’isolement du cylindre de Faraday est rendu défectueux par l’action des rayons pénétrants qui traversent le métal et rendent conducteur l’air qui l’entoure ; il en résulte qu’une charge faible peut passer inaperçue.


68. Production et dégagement des émanations. — Les émanations radioactives sont produites et dégagées par les composés solides ou les solutions de radium, de thorium ou d’actinium, et ce dégagement est en relation étroite avec l’activité des produits qui lui donnent naissance.

M. Giesel a le premier attiré l’attention sur ce fait qu’un sel solide de radium, qui vient d’être préparé à partir d’une dissolution, n’a pas tout d’abord une activité constante[2] ; son activité va en augmentant à partir de la préparation et atteint une valeur limite sensiblement invariable au bout d’un mois environ. Le contraire a lieu pour la solution. Quand on vient de la préparer, elle est d’abord très active, mais laissée à l’air libre

  1. Mc Clelland, Phys. Zeit., 1904.
  2. Giesel, Wied. Ann., t. LXIX, p. 91