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Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/134

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giquement les salles de travail quand on soupçonne qu’il s’y est dégagé un peu d’émanation. Toutefois toutes ces précautions n’ont qu’un effet limité, et la contamination progressive du laboratoire par la radioactivité ne peut être complètement évitée ([1]). Dans ces conditions le choix d’une méthode de zéro pour les mesures s’impose tout particulièrement. Avec la méthode que nous employons, il n’est pas indispensable d’avoir un isolement très parfait, parce que, même avec un isolement médiocre, le défaut d’isolement devient, en général, très faible quand l’électromètre est maintenu au voisinage du potentiel zéro.

Des mesures d’électrométrie très délicates ne peuvent être effectuées que dans des bâtiments neufs, n’ayant jamais eu contact avec les substances radioactives et les personnes qui les étudient, et éloignés autant que possible d’un laboratoire de radioactivité.


28. Compensation par le courant de charge d’un condensateur. — On peut compenser un courant faible par le courant de charge ou de décharge d’un condensateur de capacité connue, entre les armatures duquel on établit ou l’on supprime progressivement une différence de potentiel connue ([2]). Le montage de l’expérience est représenté dans la figure 35. Dans cette figure, est le condensateur étalon dont l’armature est reliée à l’électromètre, tandis que l’armature peut être portée à un potentiel variable à l’aide de la pile dont un pôle est relié au sol et l’autre à l’une des extrémités d’un rhéostat (fig. 36), dont l’autre extrémité est reliée au sol ; un contact mobile le long du rhéostat permet de faire varier le potentiel de l’armature d’une manière continue ; ce potentiel est mesuré par le voltmètre . La chambre d’ionisation

  1. En voici un exemple. Dans l’École de Physique et de Chimie de la Ville de Paris, où notre travail de découverte des substances radioactives nouvelles a été effectué, et où j’ai fait un travail de concentration de radium jusqu’à l’état de sel pur, il existe une salle qui servait de réfectoire pour les élèves, qui ne communique en aucune façon avec les pièces où nous travaillions et en est même éloignée. Nous n’allions jamais dans cette pièce, et aucun des objets dont nous nous servions n’y a été introduit. Cependant, quand une installation électrométrique a été faite dans cette salle plusieurs années après que nous avions quitté l’École de Physique, on a trouvé que la conductibilité de l’air y avait une valeur vingt fois plus élevée que la valeur normale.
  2. Cette méthode de mesures a été décrite par M. Lattès (Le Radium, 1909).