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Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 1.djvu/159

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divers composés, il suffit d’employer des couches de matière dont l’épaisseur est de l’ordre de 0,5mm. Le courant de saturation que l’on peut obtenir avec l’oxyde d’urane noir dans un condensateur ayant les dimensions indiquées ci-dessus, est d’après cela de l’ordre de ampère.

En examinant les nombres relatifs aux divers composés d’uranium, on constate que, en général, l’activité augmente avec la teneur en uranium. De plus, divers échantillons d’un certain composé ont une activité très analogue.


37. Radioactivité du thorium. — Il était intéressant de rechercher si, en dehors des composés d’uranium, il existe d’autres substances pouvant émettre des rayons analogues aux rayons uraniques. Cette recherche a été faite d’une part par M. Schmidt, d’autre part par moi-même. On constate que les divers produits purs, métaux, sels et oxydes se montrent en général inactifs. Il existe toutefois une classe de corps dont l’activité est comparable à celle des composés d’uranium ; ce sont les composés de thorium. Ce résultat a été d’abord annoncé par M. Schmidt ([1]). J’ai fait de mon côté une étude très complète de ce sujet, et je suis arrivée au même résultat que M. Schmidt dont le travail m’était encore inconnu ([2]).

Il résultait de ces travaux que les composés du thorium émettent des rayons capables d’ioniser les gaz, d’impressionner les plaques photographiques et de traverser des écrans très minces de matière solide. L’émission offrait de grandes analogies avec l’émission uranique ; de même que celle-ci elle semblait spontanée, permanente et liée à la présence d’un certain corps simple, le thorium.

C’est à cette époque qu’il a paru nécessaire de trouver un nom destiné à désigner la nouvelle propriété de la matière qui avait été découverte par H. Becquerel sur les composés d’urane, mais qui ne semblait pas appartenir exclusivement à ces composés. On peut dire que les composés d’uranium et de thorium émettent des rayons de Becquerel. J’ai nommé radioactives les substances qui donnent lieu à une émission de ce genre, et j’ai donné le nom

  1. Schmidt, Annalen d. Physik, 1898.
  2. Mme Curie, Comptes rendus, avril 1898.