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face de la certitude, que pour isoler ces substances il était indispensable d’entreprendre un traitement sur des centaines ou des milliers de kilogrammes de minerai. En même temps il semblait de plus en plus intéressant d’aboutir à l’isolement de matières, dont la radioactivité devait être considérablement plus grande que celle des échantillons obtenus en premier lieu.

Le polonium émet seulement des rayons Becquerel. Le radium émet des rayons Becquerel et une émanation radioactive différente de celle du thorium.

Une troisième substance fortement radioactive a été découverte dans la pechblende par M. Debierne, qui lui a donné le nom d’actinium[1]. L’actinium accompagne certains corps du groupe du fer contenus dans la pechblende ; il semble accompagner soit le thorium, soit le cérium ou le lanthane. L’extraction de l’actinium est une opération difficile, les séparations étant, en général, incomplètes. Divers procédés de fractionnement utilisés pour la préparation de cette substance seront décrits plus loin. L’actinium émet des rayons Becquerel et une émanation radioactive caractéristique différente de celles du thorium et du radium.

Toutes ces trois substances radioactives nouvelles se trouvent dans la pechblende en quantité absolument infinitésimale. Pour les obtenir à l’état concentré, nous avons été obligés de traiter plusieurs tonnes de résidus de minerai d’urane. Le gros traitement se fait dans une usine ; il est suivi de tout un travail de purification et de concentration. On arrive ainsi à extraire de ces milliers de kilogrammes de matière première quelques décigrammes de produits qui sont prodigieusement actifs par rapport au minerai dont ils proviennent. Il est bien évident que l’ensemble de ce travail est long, pénible et coûteux. Je me suis spécialement occupée du travail ayant pour but l’isolement du radium et du polonium. Après un long travail j’ai réussi à obtenir le radium à l’état de sel pur, en quantité suffisante pour pouvoir déterminer son poids atomique et lui assigner ainsi une place définitive dans la série des corps simples.

Ce travail a apporté la preuve complète de l’exactitude de la

  1. Debierne, Comptes rendus, octobre 1899 et avril 1900.