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résidu insoluble plus ou moins important que l’on traite à nouveau si on le juge utile. La dissolution est réduite à un petit volume et précipitée soit par l’ammoniaque, soit par beaucoup d’eau. Dans les deux cas le cuivre reste en dissolution ; dans le second cas celle-ci contient en outre le plomb et un peu de bismuth à peine actif.

Les sulfures bruts extraits d’une première dissolution chlorhydrique du minerai contiennent beaucoup d’antimoine et d’arsenic, que l’on enlève par des lavages au sulfure d’ammonium ou par ébullition avec une dissolution de soude. Le polonium reste dans ces conditions avec le bismuth à l’état de sulfure ou d’oxyde insoluble, tandis que l’antimoine et l’arsenic passent en dissolution.

Le mode de traitement qui vient d’être indiqué est le même que celui que j’avais primitivement utilisé dans mes recherches au laboratoire.

Pour obtenir le polonium à l’état plus concentré j’ai employé les procédés de fractionnement qui ont déjà été signalés (§ 41) :


1o Sublimation des sulfures dans le vide ; le sulfure actif est volatilisé en premier ;

2o. Précipitation fractionnée de la solution chlorhydrique très acide par l’hydrogène sulfuré ; le sulfure actif est le moins soluble ;

3o Précipitation par l’eau d’une solution azotique ; le sous-azotate précipité en premier est le plus actif.


Cette dernière méthode a servi dans plusieurs essais de concentration du polonium. Le précipité d’oxydes ou de sous-azotates était soumis à un fractionnement de la manière suivante : on dissout le précipité dans l’acide azotique, on ajoute de l’eau à la dissolution, jusqu’à formation d’une quantité suffisante de précipité ; pour cette opération il faut tenir compte de ce que le précipité ne se forme quelquefois qu’au bout d’un certain temps. On sépare le précipité du liquide surnageant, on le redissout dans l’acide azotique ; sur les deux portions liquides ainsi obtenues on refait une précipitation par l’eau, et ainsi de suite. On réunit les diverses portions en se basant sur leur activité, et l’on pousse la concentration aussi loin que possible. J’ai obtenu ainsi une très petite quantité de matière dont l’activité était comparable à celle des sels de radium purs, mais qui, néanmoins, n’a donné au spectroscope que les raies du bismuth.