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chacune des deux substances l’activité diminue de moitié en une période de 140 jours. Ce nombre de 140 jours environ qui est le même, avec une assez grande approximation, pour le radiotellure et le polonium, constitue une constante de temps qui caractérise ces substances et permet de les identifier l’une avec l’autre. L’étude exacte de la variation d’activité du polonium et du radiotellure a été faite à l’époque, où l’importance de ces constantes de temps attachées aux matières radioactives avait été comprise, et où il était établi que leur emploi, comme moyen de distinction entre les matières radioactives, devait s’imposer et pouvait souvent être préféré aux indications de l’analyse chimique.

La théorie des transformations radioactives permet de prévoir que la quantité de polonium présent dans les minéraux radioactifs doit être très faible et que, par exemple, une pechblende riche ne doit guère contenir qu’environ 0,05mg de polonium par tonne. Il y a cependant grand intérêt à obtenir le polonium à l’état concentré. Suivant la théorie actuelle, cet élément est en effet le dernier terme radioactif dans la série des dérivés du radium, et l’on peut espérer mettre en évidence la formation d’un élément inactif à partir du polonium.

J’ai entrepris récemment, en collaboration avec M. Debierne, un nouveau traitement ayant en vue la préparation du polonium à l’état très concentré ([1]). Ce traitement a été fait sur quelques tonnes de résidu de minerai d’urane.

Le minerai était traité par une solution chaude d’acide chlorhydrique assez concentré, ce qui a pour effet de dissoudre presque complètement le polonium. Pour éviter la précipitation par l’hydrogène sulfuré sur une grande quantité de liquide, on a traité la dissolution par des lames de fer ; les métaux précipités (Cu, Pb, Bi, As, Sb, etc.) contenaient le polonium. Ces métaux ont été redissous à l’état de chlorures, et la dissolution a été traitée par des lames de cuivre, qui ont déterminé la formation d’un dépôt bien moins abondant que le précédent, mais contenant encore toute l’activité. Le dépôt a été redissous et la dissolution a été précipitée par beaucoup d’eau. La dissolution du précipité actif obtenu

  1. M. Curie et A. Debierne, Comptes rendus, 1910.