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stance fortement radioactive probablement voisine du thorium. Cette substance a une activité très durable ; toutefois l’activité n’est pas constante, et l’on peut observer une baisse lente en fonction du temps à partir de la préparation. D’après M. Blanc l’activité du radiothorium diminue suivant une loi telle que la diminution de moitié a lieu en une période de 737 jours, soit deux ans environ[1].

Les caractères de la radioactivité du radiothorium sont les mêmes que ceux de l’activité du thorium ; mais nous constatons cette différence importante que l’activité du radiothorium va en diminuant suivant une loi régulière, tandis que l’activité des sels de thorium du commerce subit des variations plus compliquées. L’étude de ces variations a conduit à la découverte d’une nouvelle substance : le mésothorium qui ne se détruit que très lentement en donnant naissance au radiothorium[2]. Cette substance est considérée comme dérivant du thorium et peut être obtenue à partir des minerais et des sels de thorium ; elle se sépare en particulier du thorium dans la précipitation par l’ammoniaque[3].

51. Ionium. — Une nouvelle substance fortement radioactive a été découverte dans les minerais d’urane par MM. Rutherford et Boltwood et a reçu de ce dernier le nom d’ionium[4]. Cette substance appartient vraisemblablement au groupe des terres rares, et l’on a des raisons pour penser qu’elle possède une radioactivité permanente, c’est-à-dire de très longue durée. D’après M. Boltwood l’ionium est surtout voisin du thorium et précipite en même temps que celui-ci d’une solution des chlorures des terres rares par addition d’un excès d’hyposulfite de sodium. L’intérêt particulier qui s’attache à l’ionium consiste en ceci que ce corps semble donner lieu à une production continue de radium et constitue, suivant la terminologie adoptée dans les théories actuelles de la radioactivité, le parent direct du radium. Nous verrons plus loin quel a été la marche du développement de cette idée.

  1. Blanc, Phys. Zeit., 1907.
  2. Hahn, Phys. Zeit., 1907.
  3. Boltwood, Phys. Zeit., 1907.
  4. Rutherford, Phil. Mag., 1907. — Boltwood, Amer. Journal of Science, 1908.