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Vers la même époque, M. J.-J. Thomson soutenait aussi l’opinion d’après laquelle le dégagement d’énergie du radium devait être attribué à une transformation atomique, et faisait remarquer que les quantités d’énergie mises en jeu dans les contractions d’atomes peuvent être considérables[1].

Enfin, c’est en 1903 qu’eut lieu la découverte par MM. Ramsay et Soddy de ce fait extrêmement important que le radium donne lieu à la production continue de gaz hélium[2]. On obtenait ainsi pour la première fois la formation d’un élément chimique parfaitement défini, l’hélium, à partir d’un autre élément chimique également bien défini et doué de radioactivité, le radium, et il y avait là un argument pour ainsi dire décisif en faveur de la théorie de transmutation des corps radioactifs.

On voit combien est considérable le nombre des faits qui ont été acquis vers l’année 1903, et combien important est le mouvement d’idées qui en fut la conséquence. Une base de plus en plus solide se trouvait établie pour la théorie de transformation atomique des corps radioactifs. Cette théorie, sous la forme précise que lui ont donnée MM. Rutherford et Soddy, s’est montrée d’une grande utilité pour la recherche expérimentale et s’est trouvée vérifiée en détail en un grand nombre de points, dont quelques-uns très importants. On doit à MM. Rutherford et Soddy plusieurs idées hardies et ingénieuses qui ont tout de suite donné une vie concrète à la théorie, et ont ainsi servi de point de départ à de nombreuses recherches. Citons, par exemple, l’opinion que les émanations sont des gaz radioactifs et que les radioactivités induites sont dues à des dépôts de substances solides ; que la radioactivité induite à évolution lente du radium est due à des matières qui peuvent être identifiées avec des corps radioactifs contenus dans les minerais d’urane, et qu’en particulier le polonium est un produit de la désagrégation du radium ; que le radium doit se former d’une manière continue dans les minerais d’urane, que les particules sont des atomes d’hélium. Divers calculs approchés proposés par M. Rutherford, se sont montrés aussi d’un grand secours pour les progrès de la théorie.

  1. Thomson, Nature, 1903.
  2. Ramsay et Soddy, Nature, 1903.