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raître aucun brouillard. Les poussières présentes dans l’air peuvent évidemment faciliter la condensation de la vapeur d’eau en attirant les molécules d’eau par affinité chimique comme des substances hygroscopiques. Mais même indépendamment de toute action chimique, ces poussières agissent comme centres de condensation en rendant possible la formation d’une surface liquide de courbure relativement faible, tandis qu’une goutte de trop petites dimensions formée dans le gaz doit, ainsi que l’a montré Lord Kelvin, s’évaporer en vertu des actions capillaires.

La condensation de la vapeur d’eau sursaturée peut aussi être facilitée par la présence dans le gaz de charges électriques. Toute particule chargée agit comme centre de condensation, parce qu’elle exerce sur les molécules d’eau une attraction électrostatique.

L’étude des conditions de condensation de la vapeur d’eau dans l’air privé de poussières à l’état neutre ou à l’état ionisé a été faite par M. C.-T.-R. Wilson[1]. qui utilisait un appareil permettant de réaliser une détente très brusque et correspondant à une augmentation de volume dans un rapport connu et variable à volonté.

Voici quels sont les résultats de ces expériences :

1o Dans l’air non ionisé, privé de poussières, aucune condensation ne se produit pour des valeurs de inférieures à 1,25. Pour des valeurs de comprises entre 1,25 et 1,38, la détente donne lieu à la formation de quelques gouttes ; enfin, si la détente donne lieu à la formation d’un brouillard opaque.

2o Dans l’air contenant des ions produits par les rayons Röntgen ou par une substance radioactive, aucune condensation ne se produit si  ; mais pour la détente donne lieu à la formation d’un brouillard d’autant plus opaque que l’ionisation est plus forte. Les centres de condensation sont alors les ions contenus dans le gaz ; on peut, en effet, empêcher la condensation en établissant dans le gaz un champ électrique intense qui a pour effet d’entraîner les ions vers les électrodes à mesure qu’ils se forment. En l’absence du champ la condensation peut d’ailleurs être provoquée par la détente, un instant après la suppression de la cause ionisante.

Les ions négatifs condensent la vapeur d’eau plus facilement

  1. Phil. Trans., 1897, 1899, 1900.