Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/122

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vient du radium lui-même. En effet, si l’on prend soin de chasser l’émanation du radium par une chauffe très forte et très prolongée (plus de 3 heures), de manière à laisser s’éteindre la radioactivité induite, ce groupe de rayons subsiste seul, et l’on obtient alors la courbe II (fig. 123). Cette courbe affecte l’allure générale prévue dans la figure 120 pour un groupe de rayons homogènes. Cependant la portion rectiligne verticale est remplacée par une portion inclinée PQ. Si l’on admet qu’il y a cependant correspondance entre ces deux portions et que le nombre des rayons reste constant dans la région PQ, alors les abscisses dans cette région représentent le pouvoir ionisant moyen du faisceau à une distance de la surface active. On ne peut donc plus considérer que ce pouvoir ionisant est le même sur toute la longueur du parcours, mais on est conduit à admettre qu’il augmente avec la distance déjà franchie et qu’il est maximum vers la fin du parcours. Le même effet peut être constaté pour tous les groupes de rayons du radium ainsi qu’on le voit dans la figure 123, I. Abstraction faite des écarts pouvant provenir de cette cause, on doit s’attendre à ce que les ionisations produites par les divers faisceaux soient égales, si le nombre des particules est le même dans chaque faisceau. Cette prévision se trouve vérifiée approximativement, les abscisses qui correspondent aux maximums de étant sensiblement dans le rapport 1 : 2 : 3 : 4.

La séparation des faisceaux est d’autant plus nette que la couche de matière radiante est plus mince ; quand elle ne l’est pas suffisamment, on ne peut distinguer les faisceaux de parcours voisins 4cm,23 et 4cm,83. Pour obtenir une couche mince on évapore une solution étendue de sel radifère sur une plaque de métal. Toutefois, en examinant la surface active au microscope, on constate toujours que le sel est ramassé en petits cristaux, et il ne semble pas possible d’obtenir ainsi une couche uniforme de très faible épaisseur.

Quand la couche de matière radifère est plus épaisse, la diminution de l’ionisation commence à se produire dès qu’on s’éloigne de la substance active. La courbe prévue par la théorie approchée, est alors celle de la figure 121, II, les ordonnées des points M1, M2, M3, M4, correspondant au parcours des faisceaux, et les inclinaisons des quatre segments de droites étant dans le rapport 1 : 2 : 3 : 4. En effet, le segment M1M3 correspond à la