Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/127

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isolée était constant ou bien régulièrement croissant le long du parcours jusqu’à la fin de celui-ci, la valeur de pour une couche de matière d’épaisseur négligeable devrait tomber brusquement de la valeur maximum à la valeur 0 sur une distance négligeable (voir fig. 121). Pourtant sur les courbes expérimentales cette distance est toujours très appréciable, même quand la couche de matière active paraît extrêmement mince. C’est ainsi que pour le polonium déposé sur une lame métallique en couche invisible ou à peine visible on trouve 5mm, après correction relative à l’influence de la profondeur de la chambre (fig. 124), des valeurs de de 5mm à 6mm, sont obtenues avec une chambre d’ionisation de 2mm de profondeur, la substance active étant soit le polonium déposé en couche très mince, soit le dépôt de radioactivité induite du radium (radium C) ; dans ce dernier cas le dépôt est absolument invisible, et pourtant la courbe obtenue peut être superposée dans la région terminale à la courbe d’ionisation des rayons du polonium obtenue avec le même dispositif expérimental (voir § 131, fig. 131).

Pour interpréter la forme de la courbe d’ionisation vers la fin du parcours, on peut faire deux suppositions qui, d’ailleurs, pourraient être vérifiées simultanément : 1o on peut admettre que le pouvoir ionisant d’une particule, après avoir passé par un maximum, décroît ensuite rapidement vers la fin du parcours ; 2o on peut supposer que le nombre des particules qui, ayant été émises par une couche active infiniment mince dans une direction normale à celle-ci, peuvent traverser un plan situé à la distance de la surface active, n’est pas constant pour toutes les valeurs de inférieures à la longueur du parcours, mais que ce nombre diminue, tout au moins vers la fin du parcours, de sorte que la distance n’est atteinte que pour un nombre de particules relativement restreint,

La deuxième manière de voir doit, en tout cas, être adoptée, ainsi qu’il résulte des expériences de M. Geiger[1] qui a observé les scintillations produites sur un écran au sulfure de zinc par un faisceau de rayons issu d’une source de petites dimensions (polonium ou radium C) et convenablement limité de manière à ne contenir que des rayons de directions peu différentes. Le nombre

  1. Geiger, Proc. Roy. Soc, 1910.