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absorbe une fraction du rayonnement qui dépend essentiellement de sa nature et de celle des rayons utilisés.

Enfin, il n’est ni évident, ni même probable, que l’énergie absorbée soit entièrement transformée par le récepteur en la forme que nous désirons observer ; une partie de cette énergie peut se trouver transformée en chaleur, en émission de rayonnements secondaires qui, suivant le cas, seront ou ne seront pas utilisés pour la production du phénomène observé, en action chimique différente de celle que l’on observe, etc., et, là encore, l’effet utile du récepteur, pour le but que nous nous proposons, dépend essentiellement de la nature de ce récepteur et de celle des rayons. C’est ainsi que les rayons sont les plus actifs au point de vue ionisant, tandis que l’effet radiographique de l’uranium et du radium dans les conditions expérimentales ordinaires est dû aux rayons .

Comparons deux échantillons radioactifs dont l’un contient du radium et l’autre du polonium, et qui sont également actifs dans l’appareil à plateaux (fig. 37). Si l’on recouvre chacun d’eux d’une feuille mince d’aluminium, le second paraîtra considérablement moins actif que le premier, et il en sera de même si on les place sous le même écran fluorescent, quand ce dernier est assez épais, ou qu’il est placé à une certaine distance des deux substances radioactives.


100. Énergie du rayonnement. — Quelle que soit la méthode de recherches employée, on trouve toujours que l’énergie du rayonnement des substances radioactives nouvelles est considérablement plus grande que celle de l’uranium et du thorium. C’est ainsi que, à petite distance, une plaque photographique est impressionnée, pour ainsi dire, instantanément, par une très petite quantité de radium, alors qu’une pose de 24 heures est nécessaire quand on opère avec l’uranium et le thorium. Un écran fluorescent est vivement illuminé au contact de très peu de radium, de polonium ou d’actinium, alors qu’aucune trace de luminosité ne se voit avec l’uranium et le thorium. Enfin, l’action ionisante sur l’air est aussi considérablement plus intense, dans le rapport de 106 environ. Mais il n’est pas toujours possible d’évaluer l’intensité totale du rayonnement, comme pour l’uranium, par la méthode