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                                                  Ionisation par atome.
Gaz. Rayons Rayons Rayons
    0,175     0,18     0,18
0,51 0,46 0,46
Az 
0,47 0,475 0,45
0,55 0,58 0,58
1,24 1,60 1,60
Cl 
1,16 1,44 1,44
Br 
1,72 2,67 2,81
2,26 4,10 4,50


145. Courant de saturation dans le gaz ionisé par les rayons , et . — Au courant de leurs recherches sur l’ionisation totale des gaz, MM. Bragg et Kleemann[1] ont remarqué qu’il est, en général, beaucoup plus difficile d’obtenir le courant de saturation dans un gaz ionisé par les rayons que ne permet de le prévoir la théorie d’ionisation des gaz quand on suppose la distribution des ions uniforme, et qu’on adopte pour le coefficient de recombinaison la même valeur que celle qui convient aux ions créés par les rayons X. Ainsi, par exemple, en employant l’oxyde d’uranium dans un condensateur à plateaux distants de 0cm,5, on obtient, pour une différence de potentiel de 8 volts entre les plateaux, 78 pour 100 du courant de saturation obtenu pour 1200 volts, et pour 20 volts le courant n’est encore que 87 pour 100 du courant de saturation, alors que la théorie simple prévoit une perte d’ions par recombinaison de l’ordre de seulement.

Tout se passe donc comme si le coefficient de recombinaison des ions se trouvait augmenté. Cet effet, d’après MM. Bragg et Kleemann, est d’autant plus fort que la profondeur de la chambre d’ionisation est plus petite et que l’ionisation est plus faible. Pour interpréter ces résultats, ces deux physiciens ont admis qu’en plus de la recombinaison générale des ions, il se produit dans le gaz une recombinaison initiale, c’est-à-dire que deux ions de signes contraires qui viennent de se former à partir d’une molécule neutre se trouvent dans des conditions très favorables à la recombinaison, étant très rapprochés. La recombinaison initiale ne semblait se produire que dans le cas de l’ionisation par les rayons et n’avait

  1. Bragg et Kleemann, Phil. Mag., 1906.