Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/242

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pour une détente qui correspond à une augmentation de volume dans le rapport 1,25.

J’ai constaté que la présence de l’émanation du radium peut aussi provoquer la condensation de la vapeur d’eau, mais, contrairement à ce qui a lieu dans le cas où l’on utilise seulement les rayons pénétrants du radium, il n’est pas nécessaire que la vapeur d’eau soit sursaturée ni même saturée. Un vase qui contient de l’eau distillée et de l’air chargé d’émanation et qui est maintenu à une température constante, contient néanmoins un brouillard permanent visible à la lumière de l’arc électrique. Le même phénomène se produit quand on remplace l’eau distillée par un mélange d’eau et d’acide sulfurique à poids égaux[1]. Les centres de condensation en ce cas ne peuvent être les ions formés dans le gaz, puisque la sursaturation n’est pas nécessaire ; j’ai montré aussi que ce ne pouvaient être les molécules d’émanation, parce que le brouillard peut être supprimé quand on établit un champ électrique intense dans le gaz, et que sa réapparition n’a lieu que progressivement lors de la suppression du champ. On pouvait donc penser que les centres de condensation sont constitués soit par les particules de dépôt actif présentes dans le gaz, soit par des composés chimiques qui se forment dans le gaz sous l’action de l’émanation et qui sont susceptibles d’absorber la vapeur d’eau jusqu’à formation de gouttelettes. L’expérience est favorable à cette deuxième manière de voir. On constate, par exemple, que le brouillard obtenu avec l’eau pure et l’air chargé d’émanation est faible ; sa durée est de quelques jours ; si l’on remplace l’air par le gaz carbonique, aucun brouillard persistant n’est observé. Mais si, au lieu d’employer l’eau pure, on emploie un mélange d’eau et d’acide sulfurique à poids égaux, on obtient, aussi bien en présence de l’air qu’en présence du gaz carbonique, un brouillard intense généralement très fin au début ; ce brouillard peut être observé pendant plus d’un mois ; les gouttes deviennent de plus en plus rares et finissent par disparaître. La production du brouillard a donc été grandement facilitée par l’addition de l’acide sulfurique à l’eau, alors que la pression de la vapeur d’eau est fortement diminuée.

  1. Mme Curie, Comptes rendus, 1907 et 1908.