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rayons avait donc influencé toutes les gouttes de soufre, en donnant lieu à la formation de germes de cristallisation ; mais tous les germes formés ne s’étaient pas développés à la température ordinaire ; réchauffement à 70° en augmentant la vitesse de cristallisation, sans produire de noyaux nouveaux, a suffi pour provoquer le développement des germes restés latents.

La cristallisation du soufre surfondu est également facilitée en présence de l’émanation du radium, et l’effet semble attribuable surtout à la radioactivité induite produite par celle-ci. Les gouttelettes de soufre cristallisent de préférence sur les parties de la surface du récipient qui reçoivent le dépôt actif en vertu de l’action de la pesanteur sur ce dernier.

En exposant la préparation de soufre pendant 20 heures à l’action de rayons Röntgen, on n’a constaté aucune différence entre la partie exposée et la partie non exposée. Il est probable d’après cela que, dans les expériences avec les rayons du radium, l’effet sur la cristallisation doit être attribué aux rayons plutôt qu’aux rayons Cet effet est probablement lié à la charge électrique des rayons.


155. Action ionisante des rayons du radium sur les liquides et les solides isolants. — P. Curie a montré que les rayons du radium et les rayons Röntgen agissent sur les diélectriques liquides comme sur l’air, en leur communiquant une certaine conductibilité électrique[1]. Voici comment était disposée l’expérience (fig. 146) :

Le liquide à expérimenter était placé dans un vase métallique CDEF, dans lequel plongeait un tube de cuivre mince AB ; ces deux pièces métalliques servaient d’électrodes. Le vase était maintenu à un potentiel connu, au moyen d’une batterie de petits accumulateurs, dont un pôle était à terre. Le tube AB était en relation avec l’électromètre ; on mesurait le courant qui passait au travers du liquide. Le tube de cuivre MNM’N’, relié au sol, servait de tube de garde pour empêcher le passage du courant à travers l’air. Une ampoule contenant le sel de baryum radifère pouvait être placée au fond du tube AB ; les rayons agissaient sur le liquide après avoir traversé le verre de l’ampoule et les parois du tube

  1. P. Curie, Comptes rendus, 17 février 1902.