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Les mesures du dégagement de chaleur par le radium aux basses températures offrent un intérêt particulier ; elles montrent que le débit de chaleur est sensiblement le même à la température ordinaire et aux plus basses températures que nous sachions atteindre. Aucune réaction chimique ne se comporte de cette manière, et à la température de l’hydrogène liquide, toute activité chimique semble suspendue.

P. Curie[1] a constaté que le débit de chaleur dû au radium dépend du temps qui s’est écoulé depuis la préparation du sel étudié. Un sel de radium solide qui vient d’être préparé dégage une quantité de chaleur relativement faible ; mais le débit de chaleur augmente continuellement et tend vers une valeur déterminée qui n’est pas encore tout à fait atteinte au bout d’un mois. Quand on dissout dans l’eau un sel de radium et qu’on enferme la solution en tube scellé, la quantité de chaleur dégagée par la solution est d’abord faible ; elle augmente ensuite et tend à devenir constante au bout d’un mois ; le débit de chaleur est alors le même que celui dû au même sel à l’état solide. Ces changements dans la valeur du débit de chaleur indiquaient que ce débit est en relation avec l’équilibre radioactif du sel, et qu’il est dû pour la plus grande partie à l’émanation accumulée. Ce fait a été bientôt constaté expérimentalement par M. Rutherford,

Les expériences précédemment décrites ont établi avec certitude par des méthodes diverses le fait du dégagement de chaleur par le radium, et en ont indiqué la grandeur approchée. D’autres observateurs sont venus confirmer les résultats obtenus, et ont effectué la mesure du débit de chaleur[2]. Cette mesure a pu être faite, dans certains cas, avec une bonne précision.

Les expériences de M. Angström étaient effectuées avec 0g,865 de bromure de radium pur, enfermé dans une ampoule de verre. Les calorimètres sont deux blocs métalliques pareils (fig. 152), dont chacun constitue un cylindre creux à parois épaisses ; l’un contient l’ampoule à radium, l’autre une spirale de fil de manganine ; les

  1. Curie, Soc. de Phys., 1903.
  2. Angström, Phys. Zeit., 1905. — Runge et Precht, Acad. de Berlin, 1903. — Precht, Ber. d. d. phys. Gesell., 1904. — Rutherford et Barnes, Phil. Mag., 1904.