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appareil de mesures que celui qui a servi pour les expériences sur l’émanation extraite des minéraux, M. Boltwood a trouvé que dans les minéraux un gramme d’uranium est associé à 3,45.10-7 gramme de radium.

M. Strutt a effectué des expériences analogues. Le minerai était fondu avec du borax, puis dissous ; l’émanation était chassée de la solution par ébullition et s’accumulait ensuite pendant un temps connu ; on faisait alors à nouveau bouillir la solution, et l’émanation recueillie était transportée dans un appareil de mesures. Une solution de sel de radium, dont la teneur était supposée connue, servait d’étalon. M. Strutt a constaté que l’uranium et le radium semblent invariablement associés au thorium, quoique en proportion très variable ; il semble donc y avoir une liaison entre l’uranium et le thorium. Quant au radium, sa proportion n’est en aucune façon liée à celle de thorium, mais il y a proportionnalité approchée entre les proportions de radium et d’uranium dans les minéraux ; le nombre trouvé pour le rapport entre les quantités de ces deux substances était beaucoup plus élevé que celui de M. Boltwood [environ 1,4.10-6 pour les uraninites (pechblendes) et la thorianite], toutefois la pureté du sel de radium qui a servi pour la comparaison n’a pas été contrôlée.

Enfin M. Eve[1] a évalué la proportion de radium dans les minéraux par l’intensité du rayonnement D’après les résultats du même physicien (§ 137) les rayons pénétrants proviennent seulement du radium et du thorium ; on peut tenir compte de l’effet du thorium et l’on trouve pour la teneur d’une uraninite en radium un nombre très voisin de celui que M. Boltwood a trouvé en dosant le radium par son émanation.

Nous ne connaissons actuellement que par exception des minéraux qui contiennent du radium sans contenir de l’uranium. M. Danne[2] a signalé que tel est le cas d’une pyromorphite (chlorophosphate de plomb) trouvée au voisinage d’Issy-l’Évêque, en France. Ce minerai s’y trouve dans des argiles plombifères et dans la pegmatite. La présence de ce minéral dans cet endroit semble due à un dépôt formé par les eaux ; d’autre part, non loin de là se

  1. Eve, Amer. Journ. of Sc, 1906.
  2. Danne, Comptes rendus, 1905.