Page:Curie - Traité de radioactivité, 1910, tome 2.djvu/454

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

l’uranium et le radium dans les minéraux radioactifs paraissaient appuyer l’hypothèse que le radium dérive de l’uranium. Si le radium était produit directement par l’uranium, sa vitesse de formation serait donnée par la relation est la vie moyenne du radium et la quantité de radium qui est en équilibre avec un gramme d’uranium. La vie moyenne de l’uranium étant supposée beaucoup plus longue que celle du radium, le nombre d’atomes de radium formés est toujours égal (ou proportionnel) au nombre d’atomes d’uranium détruits dans le même temps, et par suite constant pendant de nombreuses années. La quantité de radium qui se formerait par an dans 1kg d’uranium, si 2500 ans et 3,4.10-7 gramme, serait environ 1,3.10-7 gramme, et pourrait facilement être observée.

Des expériences directes faites à ce sujet par M. Soddy[1] et par MM. Soddy et Mackenzie[2] n’ont pas donné le résultat prévu.

La solution d’azotate d’urane qui servait pour l’expérience était conservée en vase clos ; la quantité d’émanation qui s’y accumulait était chassée par l’ébullition dans le vide et mesurée à des intervalles réguliers au moyen d’un dispositif très sensible. Le sel d’urane avait été préalablement privé de radium aussi parfaitement que possible. MM. Soddy et Mackenzie n’ont pu mettre en évidence aucun accroissement de la quantité de radium dans une solution contenant 250g d’uranium observée pendant 600 jours ; étant donnée la sensibilité des mesures, l’accroissement final était certainement inférieur à 10-11 gramme tandis que l’accroissement prévu était de l’ordre de 10-8 gramme. Mais des observations portant sur quatre années ont permis de mettre en évidence un accroissement de la quantité de radium ; cet accroissement était évalué à 5,2.10-11 gramme de radium par kilogramme d’uranium et pendant 4 ans. La quantité de radium produit semblait proportionnelle au carré du temps[3].

Les résultats des expériences pouvaient s’interpréter en admettant que le radium dérive bien de l’uranium, mais qu’il n’en

  1. Soddy, Nature, 1904 et 1905.
  2. Soddy et Mackenzie, Phil. Mag., 1907.
  3. Soddy, Phil. Mag., 1909.