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grand pouvoir pénétrant des rayons comparé à celui très faible des rayons cathodiques. On peut se demander par quel procédé un électron contenu dans la matière peut acquérir une vitesse aussi grande, et il semble probable que la vitesse n’est pas acquise au moment de l’expulsion, mais que les électrons faisant partie des atomes possèdent un mouvement de rotation ou d’oscillation très rapide, et qu’ils conservent leur vitesse quand ils se trouvent accidentellement expulsés de l’atome.

M. Kaufmann a effectué des expériences précises en vue de mesurer le rapport pour les rayons du radium[1]. Ce travail avait pour but de contrôler les prévisions des théories modernes du mouvement d’une particule électrisée ; d’après ces théories la masse d’une telle particule n’est pas une constante, mais une fonction croissante de la vitesse (voir § 21). On pouvait espérer vérifier cette conclusion en étudiant les rayons dont la vitesse est très grande. M. Kaufmann a soumis un faisceau très étroit de rayons du radium à l’action simultanée d’un champ électrique et d’un champ magnétique, les deux champs étant uniformes et ayant une même direction, normale à la direction primitive du faisceau. L’impression produite sur une plaque normale au faisceau primitif et placée au delà des limites du champ par rapport à la source, prend la forme d’une courbe dont chaque point correspond à l’un des rayons du faisceau primitif hétérogène. Les rayons les plus pénétrants et les moins déviables sont d’ailleurs ceux dont la vitesse est la plus grande.

Il résulte de ces expériences que, pour les rayons du radium dont la vitesse est notablement supérieure à celle des rayons cathodiques, le rapport va en diminuant quand la vitesse augmente.

Voici comment était disposée l’expérience. La source radiante est un très petit grain de sel de radium placé en C au fond d’un vase de laiton (fig. 101). Les rayons émis passent entre deux plateaux parallèles, très rapprochés, formant condensateur (distance des plateaux 1mm,2) et placés verticalement au-dessus de la source. À la sortie du condensateur les rayons passent par un trou de 0mm,2 de diamètre pratiqué dans le diaphragme D, et poursuivent

  1. Kaufmann, Ann. d. Physik, 1906.