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de poussières, de fumée ou de brouillard ; l’air contient en ce cas des particules relativement grosses qui absorbent les ions par diffusion. Dans l’air privé de poussières M. Wilson a trouvé une production d’environ 25 ions par centimètre cube sous la pression atmosphérique normale ; pour des pressions plus faibles la conductibilité est plus petite et varie approximativement comme la pression.

On peut se demander si la conductibilité spontanée des gaz est une propriété essentielle de ces corps, ou si elle est due à la présence dans l’air même et dans le sol de matières radioactives. L’analogie de la conductibilité de l’air atmosphérique avec celle obtenue par l’action de certaines substances radioactives a été mise en évidence dans une série de travaux très remarquables faits par MM. Elster et Geitel.


218. Présence dans l’atmosphère d’émanations radioactives et de leurs dépôts actifs. — M. Geitel[1] a observé que la conductibilité d’un volume d’air limité dans un récipient augmente peu à peu et tend vers une limite comme si le récipient contenait une émanation radioactive produisant une activité induite sur les parois ; l’augmentation ne pouvait être empêchée par le filtrage de l’air. MM. Elster et Geitel[2] ont remarqué ensuite que l’air des caves et des grottes possède une conductibilité beaucoup plus élevée que l’air atmosphérique ; la même observation était faite pour l’air contenu dans les fissures et les pores du sol et aspiré au moyen d’une pompe. Dans les deux cas la conductibilité était attribuée à la présence d’une émanation radioactive qui se dégage du sol. L’exactitude de cette hypothèse a été prouvée par une expérience qui consiste à exposer dans l’air d’une cave un fil chargé négativement à un potentiel élevé ; après quelques heures on constate que le fil a acquis une activité qui peut devenir très notable, mais qui disparaît spontanément en fonction du temps. On peut enlever la couche superficielle du fil par frottement au moyen d’un morceau de cuir mouillé d’ammoniaque ; en calcinant ce cuir à une température modérée, on peut concentrer l’activité et obtenir une matière qui produit des impressions photographiques et excite la

  1. Geitel, Phys. Zeit., 1901.
  2. Elster et Geitel, Phys. Zeit., 1901.