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Les rayons peuvent éprouver pendant ce passage une perte d’énergie. Si, par exemple, les rayons traversent un gaz, leur énergie est en partie utilisée pour produire l’ionisation des molécules rencontrées ; de même une perte d’énergie peut être entraînée par des phénomènes analogues, résultant de la rencontre des rayons avec les molécules d’un corps solide ou liquide. La perte d’énergie pourra se traduire soit par l’arrêt complet, soit seulement par une diminution de vitesse des rayons.

Les rayons sont analogues aux rayons cathodiques, mais en raison de leur vitesse plus grande ils sont beaucoup plus pénétrants que ces derniers. Les rayons cathodiques des tubes de Crookes ne peuvent traverser que des écrans très minces (écrans d’aluminium jusqu’à 0mm,01 d’épaisseur). Un faisceau de rayons qui arrive normalement sur l’écran est diffusé dans tous les sens, mais la diffusion est d’autant moins importante que l’écran est plus mince, et pour des écrans très minces il existe un faisceau sortant qui est sensiblement le prolongement du faisceau incident[1]. Les rayons cathodiques éprouvent un changement de vitesse par suite du passage des écrans ; quand un faisceau étroit de rayons homogènes est soumis à l’action d’un champ magnétique après avoir traversé un écran d’aluminium, on constate dans le faisceau la présence d’un ensemble de rayons inégalement déviés, dont les vitesses ont pour limite supérieure la vitesse du faisceau primitif homogène[2].

Les rayons ayant une vitesse plus grande que celle des rayons cathodiques, traversent la matière plus facilement que ces derniers. Dans les expériences de P. Curie ils étaient observés dans l’air à la pression atmosphérique à une distance de 1m,57 de la source, tandis que les rayons cathodiques sont absorbés par quelques millimètres d’air. Le rayonnement du radium transmis par une lame mince de plomb contient encore une forte proportion de rayons [3].

Le mode de propagation d’un faisceau de rayons du radium au travers de la matière a été mis en évidence par H. Becquerel dans des expériences très intéressantes faites par la méthode

  1. Des Coudres, Phys. Zeit., 1902.
  2. Leithauser, Acad. Berlin, 1902.
  3. M. Curie, Thèse de Doctorat, Paris, 1903.