Page:Curwood - Kazan, trad. Gruyer et Postif.djvu/118

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à Paul Weyman, sont destinés au lynx. Ceux qui l’entourent sont pour les loups. Lorsque le lynx sera pris et qu’ils viendront lui livrer combat, ce sera bien le diable s’ils ne se font point happer par l’un d’eux.

Louve Grise et Kazan, durant la nuit suivante, passèrent à une centaine de pas de l’arbre renversé. L’odorat si pénétrant de Louve Grise saisit aussitôt dans l’air l’odeur de l’homme, qui avait dû circuler par là. Elle communiqua son appréhension à Kazan, en appuyant plus fort son épaule contre la sienne. Tous deux firent demi-tour et, tout en se maintenant dans le vent, déguerpirent de l’endroit suspect.

Le lendemain, une légère neige propice tomba, recouvrant les empreintes de l’homme et son odeur.

Pendant trois autres jours et trois autres nuits glacées, baignées de la clarté des étoiles, rien n’arriva. Henri ne s’en inquiéta pas. Il expliqua au professeur que le lynx était, lui aussi, un chasseur méthodique, occupé sans doute à suivre et à explorer les pistes que lui-même avait relevées durant la précédente semaine.

Le cinquième jour, le lynx s’en revint près de l’arbre tombé et s’en alla droit vers l’appât, qu’il aperçut dans la maison de branches. Le piège aux dents aiguës se referma, inexorable, sur une des pattes de derrière de l’animal.

Kazan et Louve Grise, qui cheminaient à un quart de mille, perçurent le bruit de l’acier qui se détendait et le cliquetis de la chaîne sur laquelle, en essayant de se dégager, tirait le lynx. Ils arrivèrent, dix minutes après.

La nuit était tellement limpide et pure, tellement elle fourmillait d’étoiles qu’Henri lui-même aurait pu se mettre en chasse à leur clarté.

Le lynx, épuisé des efforts qu’il avait tentés, gisait sur son ventre lorsque Kazan et Louve Grise, pénétrant sous l’arbre, apparurent devant lui. Kazan,